Nous
avons eu le plaisir de rencontrer Nicolas-Raphaël Fouque suite à la sortie du
« Crâne de Boulogne », son premier livre dans la Collection
« Polars en Nord » des éditions Ravet-Anceau, l’écrivain nous avait
accordé le privilège d’une « interview découverte ». « Une
vieille affaire », son second livre (toujours dans la même collection),
nous donne aujourd’hui l’opportunité d’une seconde rencontre, autour de son
second livre, forcément !
Quid
de cette « Vieille affaire » ?
Nicolas-Raphaël
Fouque : « Une vieille affaire » fait suite au « Crâne de
Boulogne » mais peut se lire indépendamment de mon premier livre, voire avant !
Son action se situe trois ans et demi après l’affaire de Boulogne, on y
retrouve les personnages survivants du « Crâne » (disons « certains ! »).
Pouvez-vous
nous en dire plus sur cette suite au « Crâne de Boulogne » ?
Même
si elle peut être lue séparément, cette histoire fait des allusions à ce qui
s’est passé antérieurement afin d’adresser un clin d’œil au lecteur. Ça reste
un polar politique, on est trois ans et demi après « Le crâne » alors
que débute la primaire de l’élection présidentielle suivante. C’est la
compétition à droite pour savoir qui va prendre le leadership. Par rapport à
cela, une multitude de « machinations » vont se nouer. La
construction sera sous forme de « poupées Russes » dans la
manipulation. Les proies peuvent devenir des prédateurs, et certains prédateurs
pourraient bien à leur tour devenir des proies et cela peut même s’inverser
plusieurs fois au cours du livre !
En
fil rouge on retrouve Camille Trencavel, journaliste apparue dans « le
Crâne de Boulogne ». Elle prend plus de place que dans le roman précédent.
Elle est appelée sur un fait divers sordide : le meurtre d’une lycéenne. Parallèlement
à cette intrigue, le Président du Sénat est empoisonné et il y a des tensions
dans les quartiers, notamment au Faubourg de Béthune suite à la disparition
d’un leader africain en exil. Ces trois éléments secouent le gouvernement.
L’intrigue est ramassée sur cinq jours, l’action se passe au moment de Noël du
20 au 25 décembre essentiellement à Lille et dans l’agglomération lilloise. En quelques
jours, l’Etat va vaciller.
Pourquoi
cette période, votre roman n’aurait-il pu se tenir du 25 décembre au 1er
janvier ?
La
raison est dans le livre et je laisse au lecteur le soin de le découvrir. Plus
on avance dans le roman et plus le temps se dilater, notamment dans la journée
du jeudi où le système sera quasiment en temps réel selon un découpage de type
« 24 heures chrono ».
Quelle
sont vos sources d’inspirations ?
Nous
sommes loin du monde hospitalier que j’ai pu décrire dans mon premier roman. On
est dans le monde de la presse et des marchands d’armes ainsi que dans un
univers politique que j’ai déjà eu l’occasion de décrire.
Je
voulais traiter de la question de l’extrême droite et de la manière dont la République
peut être remise en cause. Amener le lecteur à considérer que rien n’est jamais
acquis et que l’on peut basculer dans un régime autoritaire assez rapidement ;
l’histoire nous a prouvé à plusieurs reprises que ça pouvait arriver. Je suis
très attaché à la question de la liberté d’expression. J’ai moi-même pu mesurer
à quel point il fallait être vigilant pour préserver cet héritage. J’ai une
petite expérience personnelle en la matière qui s’est heureusement bien
terminée. Je suis donc très sensibilisé à cette question-là.
Comment
un Lyonnais (Monsieur Fouque, écrivain originaire du Nord est Lyonnais pour des
raisons professionnelles) peut-il écrire en choisissant le nord de la France
pour décor ?
J’ai
vécu mon enfance et mon adolescence à Lille, je suis attaché à ma région. Avec
« Ravet-Anceau » (l’éditeur des deux ouvrages de Nicolas-Raphaël
Fouque) les choses se passent bien, je reviens régulièrement dans le Nord où
j’ai plaisir à rencontrer mes lecteurs. Dans « Une vieille affaire »
beaucoup de lieux me sont familiers. Ainsi j’ai fait toutes mes études
secondaires au lycée Kernanec de Marcq-en-Barœul. L’ancienne maison de mes
grands-parents rue St-André dans le Vieux Lille est devenue la maison du
Président du Sénat … J’ai repris tous ces lieux de mémoire et je me suis
ensuite aidé de photos (bien évidemment en prenant quelques libertés). J’ai
introduit également la maison de mes parents, avenue des Lilas dans le quartier
Saint-Maurice. Tout cela apporte un parfum familier au roman.
Comme
dans mon roman précédent il y a un passage par des souterrains, avec une
dimension symbolique forte … ce qui permet de faire ressurgir des secrets
enfouis ! J’avais eu l’occasion dans le passé de visiter les carrières de
Lezennes. C’est très impressionnant et c’est également très romanesque.
Si
vous deviez utiliser quelques mots, quelques phrases pour convaincre votre
futur lectorat, quels seraient-ils ?
« Une
vieille affaire » est un roman dense, presque crépusculaire, qui s’adresse à l’intelligence du lecteur avec
une intrigue qui n’est pas simple mais que j’ai voulue accessible avec un jeu
de manipulations, de suspens, d’intrigues et où l’humour n’est pas exclu.
« Une
vieille affaire » est un roman de surcroît féministe. J’ai essayé d’y
présenter des personnages féminins à la fois dans leurs forces et dans leurs
failles. J’ai voulu écrire sur des femmes et les mettre en scène. J’aime ces personnages :
Elisa, Enora ou encore Camille avec ses contradictions, ses fêlures et sa force.
C’est une femme qui a du tempérament et une grande volonté, même dans son
voyage au bout d’elle-même.
Quels
sont vos projets, Nicolas-Raphaël Fouque ?
J’écris
un nouveau roman. J’y ferai apparaître certains de mes anciens personnages mais
dans une nouvelle intrigue. On devrait notamment y retrouver Clément. Je pense
que je vais parler de haines familiales mais aussi de certaines questions de
société qui me tiennent à cœur comme la montée actuelle des populismes ou
encore la question écologique.
Et
puis, il y a surtout l’écriture d’un scénario à partir d’ « Une vieille
affaire » avec Nicolas Marié, l’acteur fétiche de Dupontel. Nicolas Marié
a aimé le livre et en a écrit la préface. Le travail est presque fini. Nous
espérons qu’il sera adapté à l’écran.
Comment
avez-vous rencontré le Président de la série « Les hommes de
l’ombre » diffusée sur France 2 ?
Nous
nous connaissons depuis quelques années maintenant. C’est un acteur formidable
qui peut tout jouer. Le hasard de la vie a fait que nous nous sommes connus grâce
à une relation commune.
Il
avait lu le « Crâne de Boulogne » lors de sa sortie et m’avait très
gentiment appelé pour m’en parler. Lorsque j’ai écrit « une vieille
affaire », j’ai évidemment pensé à lui. Je lui ai envoyé le manuscrit puis
je l’ai sollicité pour en écrire la préface. Suite à cela il m’a proposé que
l’on travaille ensemble sur l’adaptation du livre. C’est une belle rencontre.
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