Les italiens disent d’une préface qu’elle est « la salsa del libro » et Marville, homme d’image talentueux, le photographe officiel de Paris sous Napoléon III, qui a commencé sa carrière comme peintre-graveur, précise que si elle est bien assaisonnée, elle sert à donner de l’appétit et qu’elle dispose à dévorer l’ouvrage…
Je ne suis pas sûr que le roman policier de Nicolas-Raphaël Fouque nécessite un assaisonnement particulier. Et comme tous les produits de qualité une dégustation nature, sans artifice, suffira à n’en pas douter, pour en percevoir toute la diversité des saveurs.
Aussi permettez-moi très simplement, à travers cette préface, d’en souligner la saveur principale. A savoir le style cinématographique de l’écriture de son auteur.
Dans mon métier d’acteur je suis amené à lire beaucoup de pièces de théâtre, de scénarios de films et de téléfilms. Le langage commun, le code d’expression de ces supports artistiques, ce sont les dialogues. C’est entre les lignes de ces dialogues et le cheminement des actions que les acteurs construisent leur personnage. Dans ce type de support les explications des auteurs sont rares. C’est uniquement par l’expression et la qualité de la parole que sont véhiculées l’histoire, la psychologie des protagonistes.
Nicolas-Raphaël Fouque a ce talent tout à fait étonnant de nous emporter dans son roman policier avec pour code d’expression majeur : les dialogues. Des chapitres entiers sont illustrés simplement et quasi uniquement par les échanges verbaux. Quelle légèreté cela confère à son roman ! Quelle confiance il fait à l’intelligence de son lecteur ! Il ne reste plus alors qu’à se laisser entrainer par les images que chacun ne manque pas de se construire pour alimenter son imaginaire. C’est un peu comme si Nicolas-Raphaël Fouque commandait à chacun de ses lecteurs de se faire sa propre traduction de son roman en images. Il écrit un roman comme on écrit un scénario. Son lecteur est spectateur. Son lecteur est au cinéma… Et comme dans un scénario de cinéma les premières scènes se succèdent sans qu’elles semblent avoir un lien les unes avec les autres. On part dans une direction puis dans une autre. On utilise le flash-back sans retenue, sans pudeur… Vous n’aurez alors de cesse d’essayer de reconstituer ce grand puzzle cinématographique.
Seulement l'auteur ne va pas vous faciliter la vie. Dans son grand labyrinthe d’images vous allez être balloté, écartelé, compressé. Et vous n’en sortirez pas indemne. Le point final vous trouvera ému, en colère, étourdi, cabossé. Surpris par la vraie simplicité du style de l’auteur. Un auteur en prise directe avec son siècle et le mouvement brutal de la vie moderne.
Nicolas-Raphaël Fouque ne le sait pas, cette préface va finalement me servir de boîte aux lettres pour lui transmettre un message… Ce roman policier : « Une Vieille Affaire », exige une adaptation pour la télé ou le cinéma. Et cette adaptation je serais heureux de la faire avec lui. Elle sera facile à dresser, tout est en place : une intrigue policière servie par les sordides dérapages que le pouvoir, l’argent et le sexe ne manquent pas aujourd’hui d’alimenter, dans les mondes de la politique, du CAC 40, de la haute industrie, des médias.
En attendant, bonne lecture de ce roman à vous qui vous mettez en appétit à la lecture de cette modeste préface… Et qui sait, apprêtez-vous à en dévorer l’adaptation cinématographique !!!...
Nicolas Marié
Nicolas Marié est un comédien français de théâtre, télévision et cinéma. Il a joué notamment dans Bernie, le Vilain, Enfermés dehors et 9 mois fermes d'Albert Dupontel, dans Micmacs à tire-larigot de Jean-Pierre Jeunet ou dans 99 francs de Jan Kounen. Il tient par ailleurs l'un des rôles principaux aux côtés de Carole Bouquet dans les Hommes de l'ombre, le feuilleton-événement de France 2. Pour en savoir plus.